Histoire
Pour approfondir l’histoire de Lusignan, nous vous invitons à consulter le livre publié en 2006 par l’association « les Lusignan et Mélusine », lequel est résumé sur son site internet.
Protohistoire
La situation de la commune autour de la vallée de la Vonne est particulièrement propice à l’installation humaine, favorisée par la présence d’eau douce en permanence, de grottes et de cavernes. Des traces d’occupation, dès les périodes de l’Âge de Bronze (entre 3 750 et 2 700 avant JC) et de l’Âge du Fer (entre 2 700 avant JC et le début de notre ère), ont été découvertes de chaque côté de la Vonne. Un enclos est ainsi répertorié en limite Nord-Est du Grand Parc, en direction du lieu-dit « La Potière », et un bâtiment de cette époque se serait trouvé entre
les lieux-dits « Le Fief de Romné » et « Le Murault ».
Antiquité
Les premiers villages Gaulois de la tribu de Pictons s’installent entre les VIe et IIIe siècles avant notre ère : des vestiges de vignes ont été retrouvés au niveau de la forêt du Grand Parc qui aurait pu être le siège d’un oppidum.
C’est l’occupation romaine qui a apporté à Lusignan une importance certaine durant la période allant du Ier au IIIème siècles de notre ère. Deux villas ont été identifiées sur la commune, ainsi que les vestiges d’un aqueduc et d’un dépôt monétaire d’époque gallo-romaine qui ont été mis à jour sur le promontoire entre la Vonne et le ruisseau du Bourceron, au Nord-Est du Bourg. Il s’agit là, très certainement, de l’occupation la plus ancienne du Bourg et du point de départ de l’urbanisation du Bourg de Lusignan au fil de l’Histoire. Lusignan faisait alors partie de la civitas pictaviensis (Cité des Pictons). Cette prospérité s’est effondrée avec la chute de l’Empire Romain au Ve siècle.
Moyen Âge
Il faut attendre la fin du Haut Moyen Âge au Xe siècle pour que Lusignan reprenne de l’importance.
En 929, des écrits témoignent qu’à cet emplacement se trouvait une viguerie appelée « Vicarea Liciancensis » dépendante du Comte du Poitou. L’origine de ce nom fait référence à un domaine appartenant à Licinius et qui serait à l’origine du nom du LUSIGNAN.
À la viguerie succède une juridiction féodale qui a prospéré par les seigneurs de Lusignan qui y ont fondé une dynastie. Ainsi, LUSIGNAN devint le chef-lieu d’une châtellenie au début du XIe siècle qui n’a cessé de croitre jusqu’à son démantèlement au XVIe siècle. Il a été dénombré environ 60 fiefs entre POITIERS, St MAIXENT et MELLE détenus par la maison des LUSIGNAN.
En 1199, le seigneur de Lusignan devint comte de la Marche puis en 1220, comte d’Angoulême par alliance avec Isabelle. Une branche de la famille des Lusignan participe activement aux croisades. C’est ainsi que cette famille obtint les titres de roi de Jérusalem, roi de Chypre et roi d’Arménie.
Au Moyen Âge, Lusignan est un carrefour de communication entre le nord vers les pêcheries de l’Atlantique ainsi que vers St Jacques de Compostelle en Galice (via Turonensis). C’est à cette époque que furent construits les ponts pour faciliter les passages ainsi que les péages sur les marchandises qui ont enrichi la ville. Pour nourrir les voyageurs, l’agriculture a également prospéré. De nombreux moulins ont été construits sur la Vonne dont le plus ancien d’entre eux est celui de la Touche selon un écrit daté de 1009. La dynastie des Lusignan s’éteint en 1303, avec HUGUES XIII. Philippe le Bel en profite pour rattacher les terres et les biens à la couronne de France en 1314 afin de renforcer son pouvoir dans la région.
Ainsi, LUSIGNAN devint la première place forte de la province du Poitou.
Pendant la Guerre de Cent Ans, la ville fut brulée par les anglais en 1346. Du Guesclin dut faire un siège de 20 mois pour reprendre le château qui deviendra ensuite la résidence du Duc de Berry.
Au début du XVe siècle, Jean d’Arras compose le récit de « Mélusine ou la noble histoire des Lusignan », première trace écrite de la légende de Mélusine conservée à la Bibliothèque Nationale de France.
Renaissance et Révolution
Au XVIe siècle, la place forte fait l’objet de convoitises entre catholiques et protestants. C’est en 1575 que le roi de France Henri III reprend la forteresse et décide de la démanteler pour qu’elle ne puisse plus être reprise par les protestants. C’est avec les pierres récupérées que les habitants pourront reconstruire leurs maisons ruinées par des années de guerre. En 1622, la Tour Mélusine, jusque-là préservée, est détruite sur ordre de Richelieu. Dans la deuxième moitié du XVIIIe, lorsque les tensions religieuses se sont apaisées, l’essor urbain a repris sous LOUIS XV qui a remodelé les routes royales pour faciliter les échanges économiques avec la construction des ponts que nous empruntons encore aujourd’hui. Le Comte de Blossac, intendant du Poitou a mené de 1753 à 1784 une politique active de création d’espaces publics. Cela s’est concrétisé à Lusignan par la création du jardin à la française nommé aujourd’hui « la Promenade de Blossac », à l’emplacement du château. À la fin du XVIIIe siècle, la Révolution supprime les avantages seigneuriaux et donne la liberté de culte aux protestants qui érigeront le temple actuel en 1841.
Depuis le XIXe
En 1845, fut créée la société Philanthropique de Lusignan qui a été reconnue d’utilité publique en 1846. Cette société de secours mutuel voit le jour et apporte une amélioration certaine dans le domaine sanitaire : remboursement des frais pharmaceutiques et gratuité des frais médicaux. Précurseur de la Sécurité sociale, la Philanthropique était une sorte de mutuelle complémentaire avant d’être remplacée par des organismes officiels.
L’ouverture de la ligne de chemin de fer en 1856 reliant POITIERS à LA ROCHELLE a modifié le paysage par la construction du viaduc qui enjambe la Vonne et la forêt du Grand Parc. Cette ligne a été complétée en 1920 par une ligne de tramway reliant LUSIGNAN à LENCLOITRE dans le nord du département, où il y avait un important marché agricole. La concurrence du transport routier a mis fin à cette ligne en 1933.
Pendant la seconde guerre mondiale, LUSIGNAN a accueilli de nombreux réfugiés mosellans provenant notamment de la ville de L’HÔPITAL. Parmi eux, Sœur CHERER a été très active dans l’aide aux prisonniers politiques du nazisme qui étaient détenus dans le camp de ROUILLÉ commune voisine. Les liens d’amitié perdurent encore aujourd’hui. Depuis la deuxième moitié du XXe, l’activité économique se développe par l’installation d’entreprises artisanales et industrielles qui ont contribué à l’extension urbaine de la ville.
À la faveur de la fertilité des sols mélusins, la fondation légataire de Xavier BERNARD, qui possédait les fermes du Chêne et des Verrines, met celles-ci à disposition de l’Institut National de la Recherche Agronomique et de l’environnement (INRAe) qui y installera, en 1959, la Station d’Amélioration des Plantes fourragères aujourd’hui de renommée mondiale.
L’association Les Lusignan et Mélusine a publié un ouvrage collectif qui détaille l’ensemble des faits qui se sont déroulés à Lusignan : « Histoire ancienne et contemporaine de Lusignan », Éditions Castelli (2006).
Quelques personnalités qui ont marqué leur temps…
Victoire-Léodile BERA dite André-Léo (1824- 1900)
Née à Lusignan au début du XIXe siècle, André Léo est une pionnière du droit des femmes, une écrivaine engagée aujourd’hui oubliée. Une association a vocation à entretenir sa mémoire.
Jacques BABINET (1794-1872)
Physicien français, mathématicien et astronome né à Lusignan, principalement connu pour ses contributions à l’optique. Diplômé de l’École Polytechnique, il fut professeur à la Sorbonne et au Collège de France. En 1840, il est élu membre de l’Académie Royale des Sciences.
Ernest CHEBROUX (1840-1910)
Poète, chansonnier, compositeur, goguettier, dessinateur et artiste peintre.
Sœur Jeanne CHERER (1885-1971)
Originaire de Moselle, elle a accompagné les réfugiés mosellans venus dans la région de Lusignan lors de la seconde guerre mondiale. Elle a également été très active pour aider les prisonniers politiques détenus dans le camp de Rouillé.
Xavier BERNARD (1873-1966)
Agronome et promoteur de l’innovation en agriculture. Il fait don à l’Etat de son exploitation de Venours en 1943, dans le but d’y créer une école régionale d’agriculture. Puis en 1956, celles du Chêne et des Verrines à l’INRA qui y installera la Station d’Amélioration des Plantes Fourragères. En 1948, il crée la Fondation Xavier Bernard à laquelle il a légué son patrimoine à son décès en 1966.